
On Becoming a Guinea de Rungano Nyoni | Fiche film
Un certain regard 2024
Publié le 8 mai 2024 par La rédaction
L’avis de la rédaction
Olivia Cooper-H.
Charlotte Garson
Fernando Ganzo
Fiche technique
Réalisation : Rungano NYONI
Scénario/dialogues : Rungano NYONI
Image : David GALLEGO
Montage : Nathan NUGENT
Casting :
Elizabeth CHISELA
Henry B.J. PHIRI
Susan CHARDY
Pays : Zambie, Royaume-Uni, Irlande
Production : Element Pictures, BBC Films, Fremantle, A24 Films
Distribution :
Durée : 95 minutes
À lire également
Suivez Cannes – Jour par jour

Actualités, Festivals, Un certain regard 2024
Le procès du chien de Lætitia Dosch
Ouaf the fuck
Pouce !, semble crier Le Procès du chien au cinéma français, et surtout à sa judiciarisation galopante. On sait que les tribunaux et les personnages d’avocat(e)s peuvent produire de grandes choses, surtout depuis Cannes 2023 (de Triet à Breillat). Mais les engouements fructueux menacent toujours de tourner au vinaigre – combien de mauvaises imitations d’Anatomie d’une chute sont-elles encore à redouter ? Alors Lætitia Dosch appelle un chien à la barre. Juste histoire de changer un peu, d’interrompre ce qui pourrait se mettre à ronronner. Elle est bien placée pour jouer elle-même l’avocate qui accepte contre toute raison de défendre ce toutou fripon, accusé d’une attaque sanglante et donc promis à une piqure certaine. Car son décollage d’actrice a justement eu lieu chez Triet (La Bataille de Solférino), au milieu d’un grand procès intime installant le public à la place des jurés. À la suite de quoi elle s’est imposée, face à l’objectif, comme le pôle excentré du même cinéma français, la promesse toujours reformulée d’un pas de côté (vers le Sud-Est, puisqu’elle est suisse). C’est bien simple, c’est Dosch qui, en couverture des Cahiers n°721 en 2016, donnait son visage à celui des « excentriques » des écrans de France. On l’a vue ensuite élargir sa palette en normalisant un peu ses rôles, acceptant de jouer non seulement à la Jeune Femme (Léonor Serraille, 2017) mais aussi à la maman tragico-épique (par exemple dans Acide, Just Philippot, 2013), recentrée en plein terreau franco-français.
Que donne ce petit kit de tropes judiciaires bien français entre les mains d’une actrice devenue primo-cinéaste ? Un autre pas de côté de réalisation et de jeu, mais qui passe par une apparente normalisation : consciemment ou pas, Dosch propose un contrechamp comique (mais pas satirique) aux récents films de procès en respectant a priori leur décorum (plaidoyers, verbe haut, suspense autour du verdict à venir), dépliant aussi une intrigue amoureuse impliquant la plaideuse et un dresseur joué par Jean-Pascal Zadi. Ce qui dévie subtilement, c’est que le postulat farfelu est pris au sérieux, sans forcer l’absurdité de la situation, ni copier la folie d’un Dupieux : on ne se demande pas une seconde si tout ça est pour de vrai ou pour de faux, si la fiction peut encore croire en elle-même. Simplement, on a dit que le chien était jugé ; alors puisqu’on l’a dit, on le fait ; puisqu’on le fait, on y croit.
Et si on y croit, c’est parce que Le Procès du chien aménage un très simple et bel écrin à sa bizarrerie – ou plutôt, il lui aménage un pays entier. C’est la Suisse bien sûr (on est à Lausanne), mais une Suisse qui ferait surtout office de havre panfrancophone : François Damiens amène discrètement sa belgitude, Anne Dorval arrive du Québec pour se fondre dans le décor, tandis que l’un des seuls Français (Pierre Deladonchamps) se fait tout petit. Le réel ainsi produit ressemble en somme à une France bis, ou ter, un faubourg magique du cinéma basé à Paris – le Français le plus présent, Zadi, vient littéralement de la banlieue.
Dans cette zone-là, tout peut se produire. Dosch ose donc bien des choses, comme inciter le public à juger aussi son personnage, lorsque celle-ci laisse s’instaurer une étrange relation entre elle et son très jeune voisin. Encore un glissement subtil, un à-côté dans la liste des chefs d’accusation, épaississant la figure de l’avocat(e) souvent réduite à une silhouette en faisant d’elle une accusée dans le champ domestique (à la suite de L’Été dernier). Elle ose aussi filmer et se filmer en accord avec sa persona, décaler le sens des images sans pour autant les déréaliser. Il peut s’agir d’un champ-contrechamp singularisé par de petits temps morts à peine perceptibles, des allers-retours en trop qui grippent subtilement la machine. Il peut s’agir aussi d’un endormissement en forêt, pas loin d’être gratuit, mais qui lui offre l’occasion de se montrer à mi-chemin de l’excentricité et du lyrisme le plus sobre. Dosch ne donne pas l’impression de scruter son reflet, mais de regarder l’objet filmé comme on l’a souvent regardée elle, c’est-à-dire dans son état joyeusement instable, joliment impossible à situer. Le cinéma, c’est aussi l’art de faire des choses excentriques et de se voir en train de les faire.
Yal Sadat
par Yal Sadat
Actualités, Festivals, Un certain regard 2024
September Says de Ariane Labed | Fiche film
L’avis de la rédaction
Fiche technique
Réalisation : Ariane LABED
Scénario/dialogues : Ariane LABED
Image : Balthazar LAB
Montage : Bettina BÖHLER
Casting :
Mia THARIA
Pascale KANN
Rakhee THAKRAR
Pays : Irlande, Royaume-Uni, Allemagne
Production : Sackville Film & TV Productions, Element Pictures
Distribution :
Durée : 98 minutes
À lire également
Suivez Cannes – Jour par jour
par La rédaction
Un certain regard 2024
Niki de Céline Sallette | Fiche film
L’avis de la rédaction
Marcos Uzal
Fiche technique
Réalisation : Céline SALLETTE
Scénario/dialogues : Céline SALLETTE, Samuel DOUX
Image : Victor SEGUIN
Montage : Clémence DIARD
Casting :
Charlotte LE BON
Damien BONNARD
Jean TINGUELY
John ROBINSON
Judith CHEMLA
Pays : France
Production : Cinéfrance Studios, Wild Bunch
Distribution : Wild Bunch
Durée : 98 minutes
À lire également
Suivez Cannes – Jour par jour
CATÉGORIES
par La rédactionAnciens Numéros