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Animal totem de Benoît Delépine

Animal totem de Benoît Delépine (2025).

Animal totem de Benoît Delépine

ActualitésCritique

Publié le 11 décembre 2025 par Charlotte Garson

Delépine « moins » Gustave Kervern a la saveur amère d’un pamphlet ciblé (sur le scandale des polluants éternels et de leur traîne de maladies mortelles) abouchant dans les largesses de son format scope un road-movie (terrain familier de Delépine-Kervern depuis Aaltra), un conte (dixit le générique) et des séquences animalières tournées par un chef-op ad hoc.

Cela fait beaucoup en une heure et demie, et pourtant Darius (Samir Guesmi), costard-cravate qui répète à qui veut l’entendre qu’on l’a dévalisé à son arrivée à l’aéroport de Beauvais, chemine à pied vers La Défense avec un bagage en effet fort délesté. Avec pour seul guide une montre-boussole et pour seul abri éphémère la moitié d’une tente Quechua d’une femme des bois, ce louche agent d’assurances à la stature du Kaplan de La Mort aux trousses (champs de maïs et autocar compris) roule sur le bitume rien de moins que le fantasme d’épure de Delépine-solo : combiner une légèreté gagnée l’âge venu à la sécheresse exsangue d’un jusqu’au-boutisme politique.

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Après une trop longue première partie qui diffère le motif du voyage en un émiettement de saynètes à la Dupieux, la fable racontée à un ado du pigeon Totor, sorte de bombe à retardement historique, fait discrètement basculer le film. Soudain, le point de vue de la mouche livré en plan subjectif dans un bar où Darius s’était arrêté faire une partie de billard perd de sa gratuité. Cette « mouche sur le mur », expression anglaise pour qualifier l’hypothétique objectivité du documentaire, se révèle abeille kamikaze chez le piquant Delépine.

Quand le doux Darius débusque l’inhumanité jusque dans sa tanière de béton, la montée orchestrée de l’animalité donne au film une violence zen, oxymore assumé qui change des docucus écologiques à la Demain.

 Charlotte Garson

ANIMAL TOTEM
France, 2025
Réalisation Benoît Delépine
Scénario Benoît Delépine
Image Hugues Poulain
Montage Soline Guyonneau
Son Mathias Leone
Décors Noémie Lettoli
Interprétation Samir Guesmi, Solène Rigot, Pierre Lottin, Patrick Bouchitey, Harpo Guit, Gérard Boucaron
Production Srab Films
Distribution Ad Vitam
Durée 1h29
Sortie 10 décembre

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