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Do it yourselves

© Cahiers du Cinéma
8 avril 2025 à 18:00

Do it yourselves

FESTIVAL. Du 6 au 13 mars, deux semaines après que le drapeau arc-en-ciel du centre LGBTQIA+ de Lyon a été une nouvelle fois arraché, le festival Écrans mixtes faisait salle comble en transmettant de plus belle la vivacité des imaginaires queer.

Avec un jury présidé par la productrice Christine Vachon et une nouvelle section destinée aux films autoproduits ou à petits budgets, cette édition mettait l’accent sur les modalités concrètes de fabrication des cultures queer plus ou moins marginalisées. Le Paris des années 1990 des premiers films d’Anna Margarita Albelo y rimait affectueusement avec celui de Zoé la boxeuse et Pigalle, premiers court et long métrages de Karim Dridi, qui croisaient aux mêmes comptoirs acteurs et actrices professionnels, gangsters à la retraite, travailleuses du sexe, fiction et cinéma-vérité, saisissant le burlesque et le tragique sous les mêmes néons. Tandis qu’Albelo présentait sa « plus petite boîte de production du monde » dans une master class, ces logiques alternatives de production se reflétaient aussi bien dans l’urgence des prises de vues mi-caméra mi-téléphone d’Éviction, documentaire de Mathilde Capone sur le DIY social et immobilier des habitant·e·s d’un lieu de vie communautaire montréalais ciblé par une prochaine « rénoviction », que dans l’importance accrue donnée aux courts et moyens métrages. Plusieurs d’entre eux assumaient un plaisir du (bri-)collage visuel et du mélange des genres, dont le teen movie apocalyptique lesbien My Heart Is going to Explode (Jung Inhyuk) poussait assez loin la réflexivité amusée, appelant surtout la sympathie du public par ses détournements loufoques. Dans la section Panorama, le très beau Cabo Negro (Abdellah Taïa) faisait vivre une autre maison cinéma, la villa marocaine que Soundouss et Jaâfar ouvrent doucement aux quatre vents en attendant l’amant de ce dernier, qui ne vient jamais. En compétition, deux portraits d’artistes exploraient les plasticités du journal reconstitué, via les archives DV de la·e chanteur·euse du groupe postpunk Glue dans The Life of Sean DeLear (Marcus Zizenbacher) et le photomontage parlé des oeuvres de la photographe tchèque Libuše Jarcovjáková dans I Am (Not) Everything I Want to Be (Klára Tasovská).

Circé Faure

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