ACID 2024, Actualités, FestivalsKyuka – Before Summer’s End de Kostis Charamountanis
Conte de côte
Un titre japonais pour un film de vacances grec. Et un sous-titre façon Beach Boys pour une référence en filigrane à une vague française plus vraiment nouvelle mais qui se refuse à l’obsolescence. Elsa et Konstantinos sont sœur et frère. Ils rejoignent leur père pour un séjour en bateau au large de l’île de Poros. Ce n’est pas vraiment une tragédie façon Atrides que les jeunes gens vont rejouer, mais un conte de côte quasi-rohmérien qui cultive son Rozier et qui les verra, grâce à un vrai-faux hasard, retrouver dans un vrai-faux Eden la mère qui ne les a pas élevés. Kostis Charamountanis joue sans vergogne et en trompe-l’œil la carte vintage du format carré et de l’image analogique, mais son carnet de bord ne se contente pas de flatter nos penchants nostalgiques. Le voyage sera drôle, tempétueux, elliptique, déchirant parfois. Il culminera sur le pont du bateau, une fois l’ancre jetée, en une séquence anthologique de réunion de famille recomposée au forceps dont le repas de fruits de mer cuisiné par le père, grand pêcheur devant l’éternel, est le prétexte et le l’objet du déni. Le bonheur du spectateur y tient autant au naturel absolu des acteurs qu’à l’artifice d’un montage qui, assumant sans roublardise répétitions, ellipses, parallèles, scories et déconstructions, retrouve une fraîcheur originelle et folle. Cette liberté sidérante donne à elle seule l’envie d’écumer d’autres mers sur l’esquif pas si frêle de Charamountanis.
Thierry Méranger
par Thierry Meranger