
Deocampo, camp au Festival international du film d’Amiens
ActualitésFestival International du Film d'Amiens
Publié le 14 novembre 2025 par
Pour sa 45e édition, le Festival international du film d’Amiens (du 14 au 22 novembre) observe la « ville en mouvement » et propose de découvrir les rares longs et courts métrages du Philippin Nick Deocampo.
Dans Amiens, ville ouverte de Franju (1967) résonne le discours de Malraux au cœur de la Maison de la culture, qui fête ses 60 ans cette année. On ne sait pas si cette ville rassemble toujours en 2025 « 5000 ans de culture humaine », mais il est réconfortant de savoir qu’elle permettra de voir, du 14 au 22 novembre, News from Home de Chantal Akerman, Un homme qui dort de Perec et Queysanne ou Winnipeg mon amour de Guy Maddin – pour ne citer que quelques-uns des grands films dans lesquels on (re)visite singulièrement les villes fuies ou adoptées par les unes ou par les autres grâce à la programmation « ville en mouvement ».
Mais c’est sans doute depuis les films du méconnu Nick Deocampo qu’on observera encore mieux le monde tanguer. Depuis les Philippines et dès les années 1980, il a interrogé à sa façon, toute camp, l’intersectionnalité, la fluidité et la crise de l’identité, autant psychosociale que sexuelle. Il est le type de cinéaste que l’on chérit pour l’audace et la frontalité du geste.

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Comme dans Oliver, documentaire de 1983 consacré à un jeune homme qui se travestit dans un cabaret pour gagner sa vie et subvenir aux besoins de ses cinq frères et sœurs, de sa grand-mère et de son fils. Il témoigne depuis un bidonville : il est heureux de vivre un peu plus loin avec sa famille, tout en sachant que c’est au jour le jour, et sans doute pour toujours. Golden boy misérable, corps nu couvert d’or, il se fait aussi Spiderman sans costume, déroulant son fil habilement avec son derrière, tissant sa toile dans l’espace scénique, là où Deocampo parvient à dénouer la sensualité de l’absurde.
Mélange de stupéfaction et d’infinie tristesse parfois, ses films font aussi état de l’emprise d’une société (la philippine ou la japonaise) sur de jeunes êtres en montrant à quel point un combat (The Sex Warriors and the Samurai, 1995) ou une survie (Private Wars, 1996) doivent sans cesse être reconduits.
Philippe Fauvel
Anciens Numéros



