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Alice Leroy anime deux tables rondes dans le cadre du FIDMarseille sur le travail du son et de l’image avec des cinéastes | 10 et 11 juillet à 16h à l’Artplexe Canebière, Marseille

Alice Leroy anime deux tables rondes dans le cadre du FIDMarseille sur le travail du son et de l’image avec des cinéastes | 10 et 11 juillet à 16h à l’Artplexe Canebière, Marseille
ÉvénementFestivalsFIDMarseille - Festival International de Cinéma de Marseille
Publié le 3 juillet 2025 par La rédaction

Actualités, Festival La Rochelle Cinéma, Festivals
Sicilia Queer Filmfest: clopiner en Palerme
Le Sicilia Queer Filmfest fêtait sa 15e édition à Palerme du 25 au 31 mai avec des hommages à Joaquim Pinto et Laura Morante, un mini-panorama géorgien et d’autres programmes répondant politiquement et esthétiquement au climat délétère de notre temps.
Malgré leurs venues empêchées, Luís Miguel Cintra et Joaquim Pinto ont été présents à Palerme, que ce soit dans la trilogie Pathos Ethos Logos (les trois derniers films de Pinto en date, cosignés avec Nuno Leonel, inédits en France), mais aussi dans Onde bate o sol (1989), juste milieu, lusitanien, entre Hurlevent de Rivette et un conte de Rohmer : soit des amours impossibles qui rapprochent un frère et une sœur dans le seul lien qui leur reste à chérir.
Si la rencontre est le plus vieux sujet du monde, c’est là que La Limace et l’Escargot (Prix du jury international) se distingue. « Objets figés, avez-vous donc une âme ?», dit le « mec » heurté par hasard par Anne Benhaïem, réalisatrice et actrice principale, qui ne comprend rien à ce qu’il dit. Pour ces deux « figés » à la table d’un café, ces deux éclopés des passions passées, un mot d’ordre, humaniste et émouvant : « Pauv’ bêtes ! »
La Limace et l’escargot d’Anne Benhaïem (2024), Prix du jury internationnal au Sicilia Queer Filmfest.
Plans cul pour plans fixes, c’est ce que propose le beau, sobre et étrange Queerpanorama de Jun Li qui dialoguait avec les deux programmations thématiques de cette année. L’une affrontait l’épidémie du VIH dans sa dimension politique et culturelle – on retiendra Pedagogue de Stuart Marshall (1988) ou le musical Anthem de Marlon Troy Riggs (1991). L’autre, « Homintern » (« homosexuel » et « Comintern »), redistribue les cartes sur l’échiquier politique des blocs Ouest et Est en répondant à cette dénonciation d’un supposé lobby homosexuel contrôlant le secteur culturel : soit un Imagining October de Derek Jarman (1984), rare et fascinant, ou Moscow Does Not Believe in Queers du loufoque John Greyson.
Mais c’est peut-être Laura Citarella qui signe la plus belle forme courte vue à Palerme : le générique réalisé pour le festival. Quatre minutes saisissantes et entêtantes avec la bande-son qui claudique et les plans d’un homme au volant de sa voiture (repris de Trenque Lauquen) accompagné d’une enfant installée à l’arrière qui finit par halluciner, comme lui, une histoire du cinéma dans le paysage de Sicile.
Philippe Fauvel
par Philippe Fauvel
Actualités, Festival Côté court de Pantin, Festivals
Les films de la 34e édition du festival Côté court de Pantin ont manifesté un mal-être diffus et anti-dramatique.
La profuse sélection de court métrages du festival, fer de lance du jeune cinéma, a mis les spectateurs face à la solitude de plusieurs jeunes personnages.
Si Édouard Sulpice, présent dans trois films de la compétition Fiction, est depuis plusieurs années un « acteur pantinois », c’est sans doute parce qu’il incarne, à la fois benêt et lucide, volontaire et triste, la solitude comme un état de fait plutôt qu’une marginalité comique stylisée. Dans Les Tracances (Victor Boyer), où il vient passer quelques jours dans le Lot chez les parents d’un ami, il semble à la fois disponible et imperméable à la rencontre.
Suzanne de Baecque, dans Le Pont du vaisseau (Robin Zimmer), campe une solitaire plus décomplexée, souvent brusque : retranchée avec sa canne à pêche sur le peu touristique quai d’Austerlitz, elle aspire à quitter Paris tout en imposant à l’image sa grande silhouette déterminée et désabusée. Cette nouvelle génération d’acteurs et d’actrices ne poétise plus la fuite.
Édouard Sulpice et Simon Bertin Jaulin dans Bel Companho de David Ingels (Festival Côté Court, 2025).
Bel Companho (David Ingels) joue du trouble, en redoublant les hésitations caractéristiques de Sulpice par une tonalité incertaine. Deux personnages marchent dans la forêt, en rencontrent un troisième ; les répliques, à la lisière de l’insignifiant, répétitives, tombent dans le silence. On craint un retournement fantastique ou horrifique, mais l’étrangeté vient de la présence de la forêt dont le déboisement désespère les promeneurs. Bel Companho est littéralement crépusculaire : son avant-dernier plan abandonne les humains et attend longuement que le soleil passe derrière une montagne. Rien de plus anodin et transcendant à la fois que la tombée de la nuit, mais celle-ci a quelque chose d’une disparition moins cyclique.
À l’inverse du pôle indolent du jeu contemporain, Céleste Brunnquell, dans Montagne sans garçon (Vega Babinet), est toute en nerfs, fébrile et directe. En deux plans fixes akermaniens, elle exécute une routine matinale au bord du déraillement. Le personnage se prépare pour aller se faire avorter ; l’événement est immergé dans la dramaturgie instable et obscure de dix minutes de vie. De différentes manières, le quotidien se fait le porteur d’un désarroi lancinant, qui sonne comme une émotion d’aujourd’hui.
Mathilde Grasset
par Mathilde Grasset
Actualités, Festival International du Film d'Animation d'Annecy, Festivals
Les films de la 49e édition du Festival d’Annecy trouvent matière à rêve dans le passé.
Si le festival d’Annecy a invité à une recherche des origines, c’est peut-être à cause de la situation du secteur : Malgré l’ouverture annoncée pour 2026 d’une Cité internationale du cinéma d’animation, le secteur reste ébranlé par la chute des commandes des plateformes.
Les grands-parents peuvent bicher : quatre films de la compétition Contrechamp du Festival d’Annecy leur étaient dédiés (Balentes, Olivia et les nuages, Space cadet, Les Contes du pommier). Cette fête aux aïeuls était indissociable d’œillades appuyées en direction de la trace photographique, symptôme sans doute d’un besoin du cinéma d’animation de rappeler à quel point il n’est pas coupé du monde : d’où le nombre de films explicitement adressés, dans des cartons finaux, aux grands-parents mais aussi aux enfants tourmentés par la guerre (Allah n’est pas obligé) ou la pauvreté (Olivia et le tremblement de terre invisible). Le parachutage de la photographie en milieu dessiné impose un sursaut de réalisme, là où l’animation prend en charge l’incomplétude de la mémoire.
Dans Nimuendajú (Tania Cristina Anaya), reconstitution de la vie de l’ethnologue Curt Unckel, la photographie sépia d’indigènes confinés dans des réserves comble le blanc qui borde, troue, arrête le dessin. Dans Endless Cookie (Seth et Pete Scriver), la photographie familiale recadre momentanément le délire d’un récit absurde fait de digressions et d’un dessin volontairement rudimentaire, régressif et sur-coloré : elle arrime la nonchalance de l’ensemble au désir de faire entre frères le portrait d’une famille d’autochtones canadiens.
Balentes revisite Lumière
Photo-sensible, l’animation la plus inventive l’a surtout été en interprétant les origines du cinéma. Dans le saisissant Balentes de Giovanni Columbu, l’événement relaté de façon elliptique est minimal : en 1940, deux enfants sardes libèrent des chevaux destinés au combat, un villageois les dénonce, l’un d’eux est tué. Les traits de pinceau noirs et blancs sur papier suggèrent les reliefs spectaculaires du paysage autant que les rides d’un visage ; leur battement, image par image, identifie le film aux éléments représentés (feu et vent), comme s’il crépitait lui-même.
La dévoration du blanc par le noir et vice-versa renvoie par moments au rongement d’une vieille pellicule par les champignons ; les chevaux au galop sont la version dessinée de ceux de Muybridge, tandis qu’un plan suggère L’Arrivée d’un train en gare de La Ciotat. Le cinéma se propose de recommencer là, dans le noir d’une guerre silhouettée, avalé par une animation qui fait du souvenir de ses premiers temps le moyen d’imposer une obscurité souveraine.
Balentes de Giovanni Columbu, présenté au festival d’Annecy 2025.
Lire aussi: Animation au Festival de Cannes – Arco d’Ugo Bienvenu et Planètes de Momoko Seto
Si Arco (Ugo Bienvenu), meilleur film de la compétition officielle et vainqueur du Cristal d’or, vise aussi des origines, ce sont plus directement celles du dessin. Les humains du futur, pour voyager dans le temps, carburent à l’arc-en-ciel : pendant les trajets, leurs corps se décomposent, retournent au stade prénatal du simple agencement de couleurs. Au lieu d’aller voir les dinosaures, Arco se perd dans un passé moins lointain, 2075, au moment où des phénomènes climatiques extrêmes s’abattent sur une société robotisée.
Grâce aux peintures rupestres d’un robot en fin de vie, les parents d’Arco, restés dans le futur, retrouvent sa trace et viennent le chercher. Nouvelle préhistoire, laissant loin derrière la mauvaise pente que l’on suit. En son absence, les parents d’Arco ont vieilli : lorsqu’ils le retrouvent, ils ressemblent sans s’en catastropher… à des grands-parents. Rides du passé et du futur, aux deux extrémités du temps ; vieillir tranquillement, voilà donc l’utopie pour l’humanité autant que pour l’animation, qui irise de traits multicolores les ciels encombrés, et vise des histoires refondatrices.
Mathilde Grasset
par Mathilde GrassetAnciens Numéros