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Alice Leroy anime deux tables rondes dans le cadre du FIDMarseille sur le travail du son et de l’image avec des cinéastes | 10 et 11 juillet à 16h à l’Artplexe Canebière, Marseille

Alice Leroy anime deux tables rondes dans le cadre du FIDMarseille sur le travail du son et de l’image avec des cinéastes | 10 et 11 juillet à 16h à l’Artplexe Canebière, Marseille
ÉvénementFestivalsFIDMarseille - Festival International de Cinéma de Marseille
Publié le 3 juillet 2025 par La rédaction

Actualités, Festival Panorama du Cinéma Colombien, Festivals
Quêtes de soi au Panorama du Cinéma Colombien
Pour sa 13E édition, du 14 au 19 octobre, le Panorama du cinéma colombien (PACCPA, au cinéma L’Arlequin, Paris) fait la part belle aux parcours intimes et leurs intrications avec la sphère familiale.
Ce rendez-vous annuel confirme la vigueur documentaire de la Colombie ; les récits de soi, frôlant l’autofiction, cherchent leur forme, notamment dans trois portraits remarquables. Dans Alma del desierto de Monica Taboada Tapia, Georgina, femme transgenre âgée exilée, traverse le pays pour être enfin reconnue comme elle l’entend. El Principe de Nanawa de Clarisa Navas, sorte de Boyhood à la frontière paraguayo-argentine, s’attache à Ángel, garçon de 9 ans qui croise la cinéaste au hasard du tournage d’un reportage et se voit confier une caméra pour qu’il enregistre sa vie malgré la distance qui les sépare – elle vit en Argentine mais lui rend visite. Enfin, le court métrage 1 Hijo & 1 Padre d’Andrés Ramirez Pulido s’intéresse à Kevin, envoyé en thérapie comportementale avec son beau-père, raillé par les autres binômes pour son physique de bambin.
Lire aussi : “Panorama du cinéma colombien 2024 : Colombie des esprits“
Ces trois films se confrontent au déterminisme social chacun à leur manière et questionnent l’identité de leur pays, élargissant leurs cadrages. Georgina est toujours droite, inflexible face aux vents du désert comme aux revers administratifs ; son stoïcisme inspire toutes les personnes qu’elle croise.
Ángel, dont l’autoreportage s’étale sur sept ans, donne à voir l’étendue des troubles d’une jeunesse aux rêves empêchés – mort du père, Covid, abandon des études pour ce garçon qui fonde une famille dès ses 16 ans – par l’hybridation des régimes d’images où le cadre vertical du smartphone s’impose peu à peu.
Kevin devient quant à lui l’acteur-spectateur comique d’une série de vignettes mettant à l’épreuve son tuteur, révélant la douce mélancolie de celui prêt à tout pour aider son prochain. Ou l’importance de s’accepter tel que l’on est pour mieux retisser des liens et faire face, ensemble, aux violences éparses du quotidien.
Elie Bartin
Du 14 au 19 octobre, 13e édition du Panorama du cinéma colombien (PACCPA), au cinéma L’Arlequin, Paris.
par Elie Bartin
Actualités, Festival International du Film de Locarno, Festivals
L’Angleterre d’après-guerre à Locarno
Au festival de Locarno, une rétrospective consacrée au cinéma anglais de l’après-guerre, assortie d’un album collectif paru en France, met en avant la place centrale des réalisateurs exilés et des femmes cinéastes.
C’est une période relativement méconnue du cinéma anglais qui est mise en lumière dans cette vaste rétrospective de quarante-cinq films située entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et la vague moderne du swinging London. Une période sombre où la population britannique est encore très marquée par le traumatisme de la guerre, la misère, l’austérité et la politique de rationnement.
La belle idée du programmateur Ehsan Khoshbakht (codirecteur d’Il Cinema Ritrovato à Bologne) consiste à s’en tenir aux films de cette époque abordant les préoccupations du moment, renonçant volontairement à un bon nombre de classiques (les films historiques ou de guerre). Ces « différentes nuances de cinéma populaire ancrées dans une réalité dont elles s’écartent selon leurs propres partis pris génériques, auteuristes ou formels » exclut d’emblée bon nombre de clichés habituellement associés au cinéma anglais. En premier lieu, celui qui réduit la production de l’époque aux films de studio (Ealing, Pinewood, Shepperton) tournés en intérieur et caractérisés par une dimension théâtrale.
Les extérieurs laissent apparaître des villes détruites, déchiquetées par les bombardements. Ruines, terrains vagues, immeubles évacués sont le théâtre d’une série de films noirs, sans doute le genre le plus passionnant de la période, qui traduisent par leur violence inouïe toute sa dureté. C’est le cas de Je suis un fugitif du cinéaste d’origine brésilienne Alberto Cavalcanti (1947), de Tiger in the Smoke de Roy Ward Baker (1956) ou de Rapt de Charles Crichton (1952, l’un des premiers grands rôles de Dirk Bogarde), qui mettent en scène des fugitifs traqués, solitaires évoluant dans un univers d’incertitude et d’angoisse.
Rapt de Charles Crichton (1952).
Ce climat paranoïaque est à mettre en lien avec un autre aspect central du programme : le grand nombre de cinéastes étrangers, notamment des Américains blacklistés qui ont trouvé refuge en Angleterre, exorcisant leur propre traumatisme par le biais du cinéma de genre. Edward Dmytryk (d’abord dénoncé comme sympathisant communiste, puis dénonciateur de plusieurs de ses collègues) réalise en Angleterre le formidable et méconnu L’Obsédé (1949), Joseph Losey tourne à Londres un pamphlet contre la peine de mort, Temps sans pitié (1957). Quant à Jules Dassin, il réalise en Angleterre l’une de ses meilleures œuvres, Les Forbans de la nuit (1950). L’un des points d’orgue du programme était Train d’enfer de Cy Endfield (1957), lui aussi victime de la chasse aux sorcières. Dans le milieu des camionneurs, les manifestations de violence, d’oppression, voire de sadisme, s’intègrent dans une réflexion sur les rapports de classes.
Lire aussi : “Cercle polar nordique” – Rétrospective films noirs scandinaves à Il Cinema Ritrovato de Bologne.
Aux côtés de ce cinéma « d’hommes », « Great Expectations » a eu le mérite de mettre en évidence le rôle fondamental joué par des femmes-cinéastes. Durant la guerre, nombre d’entre elles ont pu intégrer des postes clefs dans les services cinématographiques de l’armée. Loin de se limiter à leurs contributions en tant que productrices, scénaristes ou monteuses, la rétrospective a présenté les films de quatre femmes réalisatrices : Muriel Box, Jill Craigie, Margaret Tait et Wendy Toye.
La plus prolifique étant la première, autrice de treize longs métrages, notamment des comédies dynamitant la structure familiale traditionnelle et le rôle de la femme dans le monde du travail, comme The Happy Familly (1952) ou l’hilarant Simon et Laura (1955). Dans une veine plus expérimentale, soulignons le formidable court métrage de Wendy Toye primé à Cannes en 1953, The Stranger Left No Card (1952), que le président du jury Jean Cocteau avait défini comme « un petit chef-d’œuvre diabolique ».
Ariel Schweitzer
Great Expectations. British Postwar Cinema (1945-1960), sous la direction d’Ehsan Khoshbakht. Les éditions de l’oeil (en anglais).
par Ariel Schweitzer
Actualités, Festival International du Film de Locarno, Festivals
Le Canto 78 du Festival de Locarno
La 78E édition du festival tessinois a tenu les promesses d’une sélection internationale ambitieuse et audacieuse où a brillé le dernier volet, très attendu, du Mektoub d’Abdellatif Kechiche.
Si Locarno fut, en cet été de pleine canicule, the place to be, ce n’est pas tant pour la fraîcheur vainement espérée des rives du lac Majeur que pour une compétition internationale de dix-huit titres, dont la moitié au moins nous vampait sur le papier. Que l’éclectisme osé de la sélection ait conduit à la célébration par le jury emmené par Rithy Panh de titres plus timorés ou convenus n’étonne guère, consensus électif oblige.
En témoigne le Léopard somme toute très apprivoisé offert à Sho Miyake, réalisateur japonais chevronné peu identifié chez nous, pour Two Seasons, Two Strangers. La délicatesse du film, qui adapte en mode mineur deux œuvres clefs du mangaka Yoshiharu Tsuge (A View of the Seaside et Mr. Ben et son igloo), est aussi sa limite, tant la substitution du tiroir au miroir paraît jouée d’avance dès lors qu’une scénariste est la protagoniste d’un des deux récits.
Autre film primé, White Snail des Autrichiens Elsa Kremser et Levin Peter repose pour beaucoup sur l’interprétation de Marya Imbro et Mikhail Senkov (eux-mêmes récompensés), dont on sait qu’ils rejouent en partie leur propre existence en Biélorussie. Cette rencontre dans une morgue de deux solitaires en proie à la toxicité de leurs milieux respectifs (l’une est une mannequin suicidaire, l’autre s’inspire de son expérience de thanatopracteur pour peindre) ne peut que déboucher sur une romance dont les contrariétés qu’elle subit ne parviennent pas à gommer la prévisibilité.
Two Seasons, Two Strangers de Sho Miyake (2025).
Unique hardiesse du jury, un « Prix spécial » a été remis à Dry Leaf d’Alexandre Koberidze. Le cinéaste géorgien, qui faisait déjà tourner ses parents dans Sous le ciel de Koutaïssi en 2022, met ici en scène son père errant sur les traces supposées d’une fille photographe dont le projet professionnel était d’immortaliser, jusqu’aux tréfonds des moindres hameaux, les terrains de foot du pays. L’hypnotique singularité de cette quête low-fi du savoir-voir, tournée avec un téléphone antédiluvien, repose en outre sur la présence d’un compagnon de route invisible pour les quidams dont nous faisons partie.
Autrement plus tapageur s’annonçait l’événement cinéphilique de l’été, Mektoub, My Love : Canto due, suite d’un Intermezzo qui demeure sous le boisseau. L’absence d’Abdellatif Kechiche et la présence d’une partie de l’équipe du film – acteurs compris – qui le revendique pleinement ont permis le recentrage sur un nécessaire retour à l’œuvre. Largement à la hauteur de l’attente, ce deuxième volet nous offre à la fois le plaisir revivaliste virtuose de sa chronique chorale, l’écriture subtile de ses personnages et la séduction de leur interprétation. S’y ajoute, plus que jamais, une science rythmique qui s’affranchit des séquences de danse pour proposer l’exploration d’autres pistes et, tout en creusant une veine métafilmique plutôt jouissive, constitue, plus près de Cassavetes que jamais, un appel à d’autres genres. La série est assurément l’un d’eux puisque le film refuse de se clore et exige un Canto tre.
Lire aussi : “Festival Cinemed 2022 : Kechiche, un revenant“
Parmi les autres confirmations tessinoises, il convient de relever l’appétence pour la fable du dernier Ben Rivers qui, dans Mare’s Nest, ne met en scène que des enfants – un monde sans adultes qu’il décrit lucidement comme « un univers empreint d’incertitude ».
Frappe parallèlement l’ambition d’autres œuvres que leur propos éloigne de leur ancrage réaliste. C’est le cas du passionnant essai de Fabrice Aragno, Le Lac, premier long du collaborateur de Godard qui s’éloigne peu à peu d’un contexte très factuel (la régate, l’helvétisme assumé, le huis clos à ciel ouvert) pour se muer en expérience sensorielle osant les références picturales et littéraires… et un montage que le riverain de Rolle eût très certainement prisé.
C’est aussi au carrefour des genres que se tient un autre premier long, Les Saisons de Maureen Fazendeiro, dont le feuilletage temporel, tout en évoquant superbement la région de l’Alentejo, touche à l’universalité d’un film babélien peuplé d’archéologues allemands et de fantômes portugais.
Thierry Méranger
par Thierry MerangerAnciens Numéros
