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Étincelles du Festival international du film de La Roche-sur-Yon

Shifting Baselines de Julien Élie (2025).

Étincelles du Festival international du film de La Roche-sur-Yon

ActualitésFestival International du Film de La Roche-sur-Yon

Publié le 4 décembre 2025 par Ariel Schweitzer

La 16e édition du Festival international du film de La Roche-sur-Yon, qui s’est tenue du 13 au 19 octobre, a mis en lumière quelques cinéastes dont l’œuvre brillera inévitablement ces prochaines années – si elle se fraye un chemin vers les salles.

Quelles leçons tirer du fait que les plus beaux films présentés cette année à La Roche-sur-Yon risquent de ne jamais sortir en France ? Au-delà du mérite et de l’audace de l’équipe de programmation, ce constat est révélateur d’une crise profonde de la distribution, où se perdent trop souvent des œuvres étrangères privées de têtes d’affiche et rétives à toute classification.

À l’image de la merveilleuse étrangeté de Pin de fartie d’Alejo Moguillansky et du collectif argentin El Pampero Cine, ludique et poétique variation autour du texte de Beckett (voir le compte-rendu de la Mostra, no 824).

C’est la section « Nouvelles vagues » qui s’est distinguée cette année par son originalité. Son Grand prix a été justement attribué à Bouchra d’Orian Barki et Meriem Bennani, un film d’animation inspiré d’un dialogue enregistré entre une fille vivant aux États-Unis et sa mère restée au Maroc.

La famille traverse une crise à la suite de la révélation par la protagoniste de son homosexualité. La nature hybride des personnages, mi-animaux mi-humains, transforme le récit en fable universelle qui est aussi une réflexion sur l’art et le processus de création.

Dans la même section, Blue Heron de la Canadienne Sophy Romvari, déjà récompensé du Prix du premier film à Locarno, se déroule au sein d’une famille d’origine hongroise installée sur l’île de Vancouver dans les années 1990, dont l’un des enfants souffre d’un autisme sévère.

Blue Heron de Sophy Romvari (2025).

de Sophy Romvari (2025).

Le regard tendre de la cinéaste sur cette famille (la sienne) confrontée à la maladie et à la difficulté d’intégration est prolongé par une partie contemporaine. Romvari y revient sur ce passé en s’interrogeant sur la manière dont la pratique cinématographique peut atténuer la douleur et accompagner le travail de deuil.

Enfin, un autre film canadien a illuminé la section Perspectives : Shifting Baselines de Julien Élie, brillant documentaire tourné principalement sur le site de lancement de missiles et de satellites de Boca Chica, au Texas.

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Le cinéaste y analyse avec ironie la folle conquête de l’espace comme une fuite en avant d’une humanité incapable de faire face aux crises environnementales qui menacent la vie sur terre.

En donnant une visibilité à ce type d’œuvres inclassables et en permettant aux distributeurs potentiels de les découvrir, La Roche-sur-Yon accomplit pleinement sa mission de défense d’un cinéma libre et exigeant.

Ariel Schweitzer

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