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Better Man

© Cahiers du Cinéma

Better Man

ActualitésCritique

Publié le 22 janvier 2025 par Hélène Boons

« Let me entertain you », chante en 1997 un Robbie Williams grimé en un clownesque Klaus Nomi. Le cri pourrait être celui du genre du biopic, requérant encore à distraire après vingt ans d’hagiographies depuis la vogue (re) lancée par La Môme. Robbie Williams est le producteur de cette autobiographie survoltée et promotionnelle sous forme de comédie musicale, difficilement résistible quoique fatigante. Pour jouer le great showman cocaïnomane, le réalisateur Michael Gracey (The Greatest Showman, 2017) choisit le comédien Jonno Davies dissimulé sous les traits d’un singe numérique. «Why the Monkey ?», comme le titre un bref entretien en ligne ? Réponse officielle : lorsqu’il chante sur scène, Robbie Williams se perçoit comme tel. Au-delà encore, le singe, voisin si proche et si lointain, se duplique dans le film en autant de figures qui terrorisent le chanteur.

Le concert de Knebworth migre en délire paranoïaque croisant La Planète des singes avec des souvenirs du strip-tease horrifique du clip «Rock DJ». Robbie fonde son succès sur le mimétisme, vis-à-vis de son père ou de leur idole commune Frank Sinatra qu’ils imitent devant la télévision, en même temps qu’il cherche à se distinguer des rivaux trop proches de Take That, le boys band de ses débuts. Le chanteur simiesque est en mêmetemps singe savant, monstre, miroir et clown crispé, rejoignant dans ses meilleurs moments, les plus oniriques, l’inquiétude ricanante qui hante Joker: Folie à deux. Le clown et le singe composent deux variations sur le désir de la gloire, les deux faces d’une même médaille qui entraîne la dilution du moi.

Hélène Boons

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